"Allez viens mon gros" Mon regard est posé à quelques mètres du loup auquel je parle. Il est au zoo depuis maintenant un peu plus de 10 mois. Des rangers l'ont trouvé avec ses frères et soeurs de portée alors qu'ils n'avaient que quelques jours, pas loin du cadavre de leur mère. Ils ont donc été élevés au biberon, au centre. Il est donc impensable de pouvoir un jour les relacher en pleine nature, ils sont bien trop habitués à l'homme et au fait qu'on leur apporte les repas pour pouvoir survivre seuls. Ils ont donc trouvé une maison ici, avec quelques autres loups. Et comme beaucoup les animaux au centre, eux aussi font parti d'une étude comportementale. Blackie et les autres font parti d'une étude comparative entre chiens et loups, et en occurence, ils sont travaillés de la sorte, et on est chargé de les éduquer grace au clicker et au renforcement positif, et autant dire que cela doit être un des travaux où je prends le plus plaisir. Jamais je n'ai pensé de pouvoir approcher de la sorte un loup... et là, après quelques secondes d'hésitation de la part de Blackie, je sens un léger coup de museau sur ma jambe. Il réclame sa récompense pour être venu me voir. "C'est bien mon gros." Cela ne fait pas longtemps que je travaille avec les loups, et le plus gros de mon boulot consiste donc dans un premier temps à gagner leur confiance, et autant dire que cela est bien plus difficile qu'on ne pourrait le penser. Après tout, ils restent tout de même des animaux sauvages, imprévisibles, et il faut être sur ses gardes, gueter chacun de leurs signes pour savoir à quoi s'en tenir... mais c'est bien cela le plus interessant. D'observer leur langage corporel, voir les signaux d'apaisement qu'ils font...
Une heure plus tard, je ressors finalement de l'enclos, à contre coeur, mais j'ai encore pas mal d'autre travail à faire. Demain un groupe d'enfants de l'école primaire est censé passer au zoo pour faire un tour, et il faut encore que je me prépare pour faire la visite, vu que c'est bien la première fois que je suis chargée d'une telle chose. Si bien que je finis par me diriger vers le bureau. Je suis d'ailleurs assise au bureau entrain de préparer un mini-jeu pour les enfants, quand j'entends la porte d'entrée situer dans la pièce d'à côté sonner. "Un instant, j'arrive." De toute manière, ca ne peut être qu'un visiteur, mes collègues et moi utilisons la porte du fond... et vu qu'il n'y a personne d'autre au bureau pour l'instant, ca va être à moi de l'accueillir. Rapidement je passe une main dans les cheveux pour tenter d'être à peu près présentable... chose qui n'est certainement pas réalisable vu que mon pantalon porte des traces de pattes et de boue, mais ca ce n'est pas quelque chose que je peux changer de toute manière. Rapidement je passe dans la pièce d'à côté. "Bonjours, qu'est-ce que je peux..." A ce moment, mon regard se pose sur la personne qui vient d'entrer, et je suis tout simplement incapable de continuer à parler. Les yeux écarcillés, je regarde Ezio, incapable de prononcer quoique ce soit...

Pendant quelques instants, je regarde Ezio sans savoir quoi dire. Une partie de moi veut tout simplement lui avouer la verité, espérer qu'il me pardonne. Car oui, je l'ai trompé, et pourtant, en tentant de le séduire je suis moi aussi tombé amoureuse de cet homme. Mais finalement, cela ne rend ma trahison qu'encore plus horrible, et me donne encore plus envie de fuir lachement. Et je vois dans ses yeux que l'idée de fuir doit également lui avoir traversé l'esprit. J'ai envie de lui poser tant de questions : comment il va, qu'est-ce qu'il fait ici, pourquoi il est venu me retrouver... car oui, en le voyant de nouveau en face de moi, une partie de moi continue à espérer, à croire qu'il puisse vraiment m'avoir cherché, même si au fond de moi, je sais que cela ne peut pas être le cas. Il doit avoir une autre raison pour être ici, pour être à Great Falls. Et quand mon regard se pose sur l'animal qu'il tient dans ses bras, cette pensée semble se confirmer. Il n'est pas là pour moi, mais plutôt par hasard, ce qui explique aussi son air surpris. Il n'a pas du s'attendre à me voir ici. En tout cas, il redevient bien plus rapidement le maître de ses émotions que moi, puisqu'il me parle d'une voix tout à fait neutre, comme s'il me rencontrait pour la première fois aujourd'hui.
"Ezio, je..."
A vrai dire, je n'ai pas vraiment le courage de finir ma phrase, tout simplement parce que je ne vois pas ce que ca changerait si je tente de lui expliquer. Le mal est fait, et peu importe à quel point je le voudrais, je ne peux pas faire marche arrière. Je me mordille donc la lèvre inférieure, tout en posant mon regard sur l'oiseau qu'il a apporté. Doucement, j'attrape la pointe de l'aile cassée pour pouvoir examiner les dégâts. Je ne suis peut-être pas véto, mais depuis mon arrivée ici j'ai déjà eu à soigner pas mal de blessures... mais pas des comme ca, et je dois avouer que je ne m'y connais pas vraiment en oiseau. Un de mes collègues va devoir y jeter un coup d'oeil, et au pire on devra appeler un des vétos pour qu'ils viennent s'occuper de notre nouveau patient. Mais en attendant, je vais déjà tenter de faire de mon mieux pour m'en occuper... Je soulève donc doucement l'oiseau, tentant de ne pas lui faire encore plus mal, mais l'animal semble être à bout de forces, si bien qu'il ne bouge pas.
"Tu pourrais venir m'aider s'il te plait ?"
Ma voix est hésitante, tout simplement parce que je sais qu'il n'acceptera sans doute pas. Ce n'est pas que j'ai vraiment besoin de quelqu'un pour m'aider à faire les premiers soins à cet oiseau, mais je ne veux pas qu'il reparte si vite...

Me retrouver de nouveau face à Ezio a quelque chose de déroutant. Cette histoire m'a fait perdre beaucoup de chose. Ma joie de vivre, et même une grande partie de mon innocence. Je ne suis plus capable de voir le monde de la même manière qu'avant. Mon père aussi qui est décédé peu après. Et, bien sûr, Ezio. Quand j'ai accepté de tenter de le séduire, et bien, je me suis attendu à me trouver devant un politicien miteux... Enfin, ce n'est pas censé être une excuse. Je n'ai tout simplement pas été préparée à me trouver face à un homme comme lui, droit, honnête, mais surtout un des hommes les plus doux, les plus gentils que j'ai pu rencontrer. En toute logique, j'étais censée le séduire, mais c'est plutot le contraire qui s'est produit, et au fur et à mesure, je me suis de plus en plus enfoncée dans cette histoire, sans vraiment y voir une facon de m'en sortir. D'une certaine facon, je veux au moins tenter de lui expliquer, mais je me retient parce que je sais que cela ne servira à rien. Au contraire, cela va certainement juste l'énerver, surtout que je ne vois pas comment il pourrait me pardonner ca. Non, notre histoire a été impossible dès le départ, bien qu'à l'époque, j'ai espéré réussir à trouver un moyen de nous en sortir sans qu'aucun ne soit blessé. Jolie utopie, n'est-ce pas ? Surtout que le regard d'Ezio suffit pour me faire taire. Je tente donc de porter mon attention sur l'oiseau, au moins je pourrais faire quelque chose pour lui, du moins je l'espère.
"Ils sont pas là"
Sans doute qu'un de mes collègues aurait été plus apte à le faire, mais tout le monde est entrain de s'occuper de ses protégés respectifs, et ils ne risquent donc pas de rentrer ici avant une bonne heure, et autant éviter de laisser souffrir jusque là. J'attrape délicatement le rapace, avant de sortir dans le froid, direction la petite "infirmerie" qui se trouve de l'autre côté de la cours. Une fois la porte refermée derrière nous, je pose doucement l'oiseau sur la table de soin.
"Tiens le s'il te plait, je vais devoir regarder de plus près son aile, et il risque de ne pas apprécier."
Pour le moment, lanimal ne bouge pas beaucoup, mais cela risque de changer quand on s'occupera de son aile qui pendouille. Il va falloir que je verifie si elle est vraiment cassée, et dans ce cas, il faudra sans doute remettre l'os en place, lui faire une sorte d'attelle, car une brisure mal soignée risque de l'handicaper à vie... J'attends donc qu'Ezio ne tienne à nouveau l'oiseau avant de doucement déplier son aile, prenant mille précautions pour ne pas aggraver sa blessure. En tout cas, il n'est pas bien difficile de voir l'endroit où l'aile est cassé, l'os s'est légèrement déplacé. Doucement, je tire un peu sur l'aile, tout en appuyant délicatement sur cet endroit pour remettre l'os en place. Je ne suis peut-être pas véto, mais cette partie là n'est finalement pas si difficile. Le plus délicat étant defixer tout cela de sorte que l'os reste bien à sa place et qu'il puisse guérir correctement. Mais quelques minutes plus tard, c'est également chose de faite. Pendant tout ce temps, j'ai réussi à faire abstraction de la présence d'Ezio, de me concentrer uniquement sur le patient, mais cela semble prendre fin en même temps que mes soins.
"J'ai oublié de te le demander, mais où est-ce que tu l'as trouvé ? je vais en avoir besoin pour les registres."
La réserve tient des listes avec non seulement quel genre d'animaux blessés ont été apporté, mais également où ils ont été trouvés, et avec quelles sortes de blessures. J'attrape doucement l'oiseau avant de me rendre dans la pièce d'à côté et de le mettre dans une grande cage. Un de mes collègues y jetera un oeil en rentrant, juste pour vérifier que la blessure a été bien soignée. En attendant, je lui donnerais à manger... enfin, après avoir parlé à Ezio. Son air distant, froid, me dit bien qu'il n'a certainement pas envie d'entendre ce que je vais lui dire...
"Je sais que ca doit rendre ce que j'ai fait encore plus horrible, mais je t'ai vraiment aimé Ezio. Et... je suis désolée... désolée de ne pas avoir trouvé un moyen pour éviter que tout ca ne te retombe dessus."
Je sais qu'il doit me détester, mais je ne veux pas qu'il croive que tous ces baisers qu'on a échangés, toutes ces nuits passées ensemble aient eu lieu uniquement parce que j'ai été "payé" pour... quoiqu'en disant ca, sans doute que je ne fais que m'enfoncer encore plus...

Sans doute que je mérite les regards pleins de haine qu'Ezio me lance. Il ne s'est pas passé un seul jour où je n'ai pas regretté le rôle que j'ai joué dans son "scandale". Je m'en veut de l'avoir trompé de la sorte. Dire qu'au début, je n'ai pas cru que cela prendrait un tel tournant. Je n'ai pas été censé tomber amoureuse de lui. C'est tout simplement arrivé, et je n'ai rien pu faire. Ezio est sans aucun doute l'homme le plus gentil, le plus droit que je connaisse. Avant de le rencontrer, j'ai toujours eu une très mauvaise impression de la politique, et surtout des politicien. Mais Ezio m'a ouvert les yeux, en me montrant qu'il y a toujours des politiciens à qui on puisse faire confiance. Je m'en veux de ne pas avoir trouvé un moyen pour éviter de le blesser, pour faire en sorte que tout le monde sorte indemne de cette affaire. Mais quand j'ai eu le choix entre la vie de mon père et la carrière de l'homme que j'aime, je n'ai pas vraiment réfléchi. Et quand toute cette affaire a éclaté au grand jour, j'ai cru que j'arriverai à passer au-dessus de ca. Sauf que maintenant que je me trouve en face de lui, je comprends que je me suis trompée. Je suis tout simplement incapable de l'oublier, incapable de faire comme si rien a été entre nous. Je sais que tout est perdu, qu'il ne pourra certainement pas me pardonner. J'ai perdu sa confiance, et ce n'est pas quelque chose que l'on puisse reccupérer si facilement. Sans doute qu'il a raison en disant que tout cela est encore pire si je l'ai aimé, et pourtant ses paroles sont plus que blessantes.
"Qu'est-ce que tu en sais de ma définition de l'amour ? Tu crois que j'ai voulu faire ca, tu crois que j'ai voulu te perdre ? Tu ne connais pas toute l'histoire. Je ne t'ai jamais menti en te disant que je t'aime. Tu crois quoi, que j'ai couché avec toi uniquement pour de l'argent ?"
Ma voix est quelque peu amère. C'est difficile de lui faire face, de voir toute cette haine qu'il porte à mon égard. Mais le plus difficile est certainement que rien que je ne puisse dire ou faire peut changer quoique ce soit dans cette histoire, je peux sans doute aussi bien parler au mur, parce que je doute fort que mes paroles aient un quelconque effet sur Ezio, si ce n'est peut-être le pousser à me détester encore plus...