◮ Surnom(s) : Aucun de particulier Carter est un prénom suffisamment court. ◮ âge : Vingt-sept ans◮ date de naissance : Dix-huit Avril dix-neuf cents quatre-vingt cinq (18/04/1985) ◮ lieu de naissance : Great Falls ◮ lieu de vie:Boston. Mais il est revenu vivre momentanément à Great Falls, le temps que sa mère aille mieux. ◮ métier : Architecte◮ situation amoureuse: Célibataire depuis 8 mois.◮ groupe : Over The Rainbow ◮ avatar:Joshua Jackson◮ crédits : Psychozee & MemOrial Fox

cheval ou voiture ? Cheval, plutôt. A Boston, il prend le métro et le bus.
chapeau ou casquette ? Aucun des deux. Mais si on l'obligeait à choisir, Carter préférerait nettement un bon vieux Stenson.
sandiags ou chaussure de ville ? Même lorsqu'il vivait encore ici, Carter ne portait pas de Santiags. C'était converses ou Boots/Chaps. Alors encore aujourd'hui - et même s'il a un joli stock de chaussures de ville - il ne porte plus que des converses lorsqu'il va traîner dans la poussière.
théâtre ou rodeo ? Carter n'a jamais vraiment aimé le rodéo. En revanche, il s'est épris du théâtre lorsqu'il était à la faculté.
air frais ou air citadin ? Il ne l'avouera jamais, mais il a toujours trouvé l'air de New-York et Boston bien trop pollués. L'air pur de Great Falls lui fait du bien.
country ou rock ? Plutôt rock. la Country c'est super ringard !
café ou thé ? Café. Bien noir. Bien serré. Et sans sucre s'il vous plaît.

Vous & Great Falls : comment y es-tu arrivé et qu'en penses tu ? Carter est né à Great Falls. Jusqu'à son entrée au lycée, y rester et y travailler ne lui paraissait pas délirant. Et puis il a découvert l'architecture, et très vite, s'échapper de "ce trou de bouseux" est devenu urgent. Depuis son diplôme de fin d'année, il a vécu tout près de New York pour ses études et travaille à Boston. S'il est revenu, c'est parce qu'on a diagnostiqué un cancer du sein à sa mère et qu'il est le seul de la famille a être parti. Pour le moment, vivre à Great Falls lui pèse. Parce qu'on ne pas dire que le niveau d'étude de ses habitants soit forcément très haut. Cependant, s'il est décidé à repartir dès que sa mère ira mieux, il renoue avec le charme de la ville et constate qu'il n'y fait pas si mauvais d'y vivre. Il ne lui trouve plus les défauts de son adolescence.

« Carter, c'est un peu le mec passe-partout. Si je l'avais croisé dans la rue, je n'y aurais pas fait attention. C'est monsieur tout le monde, vraiment ! Brun, les cheveux courts, pas franchement grand – à vrai dire, je le trouve même un peu petit – il s'habille toujours avec une chemise, une cravate et un pantalon foncé. Ah, si ! Il a ce grand manteau noir, genre trench coat qui lui donne l'air un peu plus sérieux. Mais sinon, non. Rien de bien particulier chez ce bon vieux Carter !  En revanche, c'est un garçon A-DO-RABLE ! Tous les matins, il me dépose un café – au lait, avec un peu de vanille – comme je l'aime et il me demande comment ça va avec les enfants à la maison. Ça ne loupe jamais. C'est le seul à me donner l'impression que je fais un boulot vraiment important et ça, ça c'est génial !»

« Carter ? Pff ! C'est le genre de mec qui ne lâche jamais rien. Je me souviens que, pour l'un de ses premiers projets, il était resté travailler toutes les nuits pendant une semaine. Non, il est hargneux ce petit. Je dirais même un peu belliqueux : dès que quelque chose ne lui plaît pas, il le fait avoir et se fiche de devoir se battre, même avec ses mains ! On sent qu'il vient de la campagne dans ces cas-là. C'est pour ça qu'il n'a pas plus de responsabilités d'ailleurs, il ne sait pas encore tout à fait se maîtriser en toute circonstance. Tenez ! Pas plus tard qu'hier soir, il a balancé son presse papiers par terre parce qu'il avait supprimé par erreur le fichier contenant les derniers ajustements de notre dernier projet – alors que nous avons toujours des sauvegardes papier. Non, non. C'est un brave garçon, très imaginatif que nous sommes heureux de compter parmi nous, mais il est encore un peu trop impulsif pour aller vraiment plus loin. »

« Vous voulez vraiment savoir comment il est « en vrai » ? C'est quelqu'un de très secret, en fait. Oh, il discute beaucoup, avec tout le monde et surtout quand on le lance sur l'architecture – c'est son métier – mais jamais de lui. Je crois ne l'avoir jamais entendu dire à nos parents qu'il les aimait. Il est comme papa tient ! Tu le vois, il sourit, il est sympa bien qu'un peu ours mal léché des fois, mais jamais Ô grand jamais il ne te dira qu'il t'apprécie ou que tu compte pour lui. Non. Faut faire avec. Ça fait 27 piges que je le supporte, et j'peux te dire hein ! On finit par deviner ce qu'il ne te dit pas. Et ce qu'il te dit pas, justement, c'est ce que c'est un grand sentimental mon p'tit Bichon. Tu verrais comment il était doux avec les chevaux quand il était jeune ! Mais surtout, c'est un passionné. Il fait tout à fond, quitte à se péter la gueule et à souffrir, faut toujours qu'il aille au bout de son truc. Ça l'a été avec la mécanique et la menuiserie, puis avec l'architecture. Et faut toujours qu'il bouge son cul ! Je n'sais pas comment il est à son travail, mais j'peux te dire qu'ado, il était toujours en train de s'agiter. Limite hyperactif, le Bichon !  Du coup, il faisait pas mal de sports : natation, course d'endurance, un peu de Hockey sur gazon aussi... »

« Carter Presley ? Mais vous voulez savoir quoi au juste ? Ah ! C'était mon premier amour, c'est vrai. On est tombé dans la même classe en première année de lycée. Je ne sais pas trop comment ça s'est fait, mais on a finit par être assis l'un à côté de l'autre à tous les cours. C'est un type bien. Droit dans ses bottes vous voyez ? Impulsif, ça c'est vrai, mais juste. Il aimait que les choses soient faites dans les règles et que tout le monde soit logé à la même enseigne. Mais du coup, ça en devenait parfois irritant, parce qu'il s'indignait d'un rien et voulait toujours jouer le super-héro. Enfin, il parlait beaucoup de le faire mais n'est jamais vraiment passé à l'acte. A l'époque, il est était plutôt gringalet. C'était l'ado qui a grandit d'un coup mais n'a pas encore eu le temps de ce muscler, voyez ?
Dans l'intimité ? Comment ça ? Ah, sa façon d'être ! Je crois que c'est le mec le plus tendre que j'ai connu – enfin j'dis ça, mais c'était ce que je ressentais à l'époque hein ! - et puis il était Romantique. On est sorti ensemble pendant trois ans, et à chaque anniversaire ou Saint Valentin il arrivait à faire un truc génial ! Et puis, sous ses dehors d'indigné, c'était quand même quelqu'un de plutôt posé, il était doux. A un Noël, il était passé me voir mais j'étais partie en course avec ma mère. Quand je suis rentrée, il était en train de jouer avec mes cousins. Ils étaient trognons !
Son plus gros défaut ? Bordélique ! Vous auriez vu son bureau et sa chambre ! J'sais pas comment il faisait mais il arrivait toujours à s'y retrouver dans son Mic-mac. Et je sais pas comment, il était en même temps hyper-organisé.
Un mot pour le définir ? Ben tient, juste pour ça j'vais vous dire 'contradiction' ! »

« Monsieur Presley ? Ho, ben j'sais pas trop moi... Vous savez, je suis que le concierge hein ! Tout c'que j'sais c'est qu'il est gourmand comme une vieille chatte ! Je sais pas combien de fois j'ai du monter ses paquets de courses – parce qu'il les fait livrer directement chez lui, voyez ? - et à chaque fois y'avait trois/quatre tablettes de chocolat et des gâteaux. Et toutes les semaines c'est le même colis, j'vous jure ! Pourtant, je l'ai jamais vraiment vu prendre du poids.... Tient, faudrait que je lui d'mande comment il fait !
Vous m'en demandez d'ces trucs vous ! Ah ben tient, si ! Un soir, il est descendu très vite dans le hall, il était pressé – je saurais pas vous dire pourquoi – et son téléphone est tombé par terre et s'est cassé. Vous auriez vu dans quel état il était ! J'ai cru que c'était la fin du monde ! J'sais pas comment on dit, vous savez, les gens qu'aiment bien leurs objets et tout ça ! Mais non, pas fétichistes, enfin ! OUI ! C'est ça ! M'sieur Presley il est matérialiste comme un mec de wall street ! »

« Mon petit chéri ? Oh ben vous savez, il n'y a pas grand chose à dire, Holly a quand même fait un bon résumé j'dois dire ! Bon... Et bien, c'est un gros frileux mon Carter. Même en plein été, il trouvait toujours le moyen de mettre un pull ou une grosse veste. Et il avait pas chaud ! J'sais pas comment il fait... Qu'est-ce que je pourrais vous dire d'autre... Ah ben si ! Il a toujours été très autonome. Petit déjà, il préparait ses vêtements tout seul, son déjeuner, il a commencé à se le faire dès la fin du primaire. Jamais on a eu à l'aider pour ses devoirs – bon, c'est sûr qu'on aurait pas pu faire trop grand chose, enfin... - Oui. Il a toujours fonctionné tout seul. Il aimait bien aider son père au Ranch quand il était petit, il aimait beaucoup les chevaux vous savez ! Et la mécanique aussi, mais après il a grandi, et puis il a arrêté de faire des choses avec John. En parlant de lui, ils sont pareil tous les deux ! Aucune subtilité, et surtout aucun tact. Combien de fois il a fait pleurer Anna en lui disant de but en blanc que ses vêtements ne lui allaient pas – alors qu'elle est plus âgée que lui ! Et puis il adore lire aussi. Je ne sais pas où en est sa bibliothèque maintenant, mais il a toujours beaucoup lu, alors que le cinéma et la musique, non... Ça ne le botte pas trop je crois. Vous avez tout ? Ah une dernière chose : Carter est un garçon extrêmement rancunier, évitez de lui faire une crasse ! »

◮ Prénom/pseudo Nolwenn/WESTEA◮ Âge 20 piges◮ scénario ou inventépersonnage inventé◮ présence2 jours/7 (je préfère prévoir moins que trop)◮ où as-tu connu BM?Sur Bazzart le grand◮ ton avis Ca gère la fougère sa mère en short ici ! ◮ petit mot de la fin

« Voilà, c'est le vieux Ranch dont je vous parlais. Initialement, il y avait 4 bâtisses : une pour les chevaux, un corps de ferme pour le bétail, une petite dépendance et l'habitation principale. Mais comme vous pouvez le voir, il ne reste que les habitations et le terrain qui se porte si je ne me trompe pas à 20 hectares... »
 « Ah oui, tout de même ! Mais vu l'état de la maison, l'électricité est à refaire ? En terme de fosse septique et raccordement à l'eau, tout fonctionne ou les infrastructures sont à refaire également ? » C'est encore un jeune homme et pourtant, il pose les bonnes questions. Enfin c'est surtout qu'ils n'ont pas de moyens, alors mis à part une ruine à rénover, leur choix est restreint.
« Le système électrique est à refaire entièrement. En revanche, dans la mesure où il n'est abandonné que depuis 10 ans, il s'agira juste d'un coup de nettoyage si je puis dire pour ce qui est des conduites d'eau... »
« Ça veut dire beaucoup travaux, c'est ça Minou ? » Elle est encore plus jeune. Ses cheveux blonds arrivent presque à la naissance de son ventre bien rond. Elle est enceinte et cela est indéniable. Pourtant, cette jeune femme donne l'impression d'être encore une enfant qui s'émerveille devant une ruine.
« Beaucoup de travaux, oui. Ça voudra dire vivre dans une seule et unique pièce pendant un bon moment. Cela dit, il nous reste 4 mois pour réussir à retaper au moins une pièce, et en s'y mettant tous les jours, ce sera faisable Amour... » Il sourit et imagine déjà les matériaux qu'il faudra utiliser, les murs à abattre, les murs à refaire et le toit surtout. Ce toit qui tombe bien plus en ruine que le reste de la bâtisse. Mais surtout, il sait que c'est son rêve. Son rêve à Elle, à cette ruine. Il sent à son sourire mutin et retenu qu'elle est déjà amoureuse, qu'elle se projette. Ses yeux sont aussi brillants que le soir où elle lui a annoncé sa grossesse. Ils brillent d'espoir et d'envie.
« Oh... » Son sourire s'efface un peu. Elle cache sa déception. Parce qu'elle pressent – à tord – que ce petit paradis fait pour elle va lui échapper. « Mais en terme de prix, c'est suffisamment en deçà de notre budget pour assurer les premiers travaux, non ? »
« Oh oui ! Du point de vue prix c'est plus que parfait ! » Lui aussi se projette. Bien malgré lui. Et en oubliant tous ces travaux. Parce qu'ils les voit déjà courir, ses futurs enfants. Il les voit parfaitement en train de panser les deux ou trois chevaux qu'ils pourraient avoir. Il imagine le garage, où il pourrait apprendre la mécanique à son fils – parce qu'il l'aura, son fils. Et le travail n'est pas rare dans cette contrée où l'on vit de la terre, du bétail et des chevaux. « Mais elle te plaît, hein, cette ruine ?! C'est un peu ton rêve d'enfant... » Elle acquiesce timidement. Et en un regard, ils savent que sera cette ruine et aucune autre.
L'agent immobilier est allée faire un tour. Elle revient doucement et, d'un même mouvement, la sentence est prononcée « On la prend ! »


« Dis papa, pourquoi nous on a pas de Ranch a nous tous seuls ? » Un mètre vingt environ toisent un mètre quatre-vingt et un mètre cinquante-cinq au garrot. « Ben, oui, parce que nous aussi on a un grand jardin et des chevaux, pourquoi on fait pas un Ranch ? » Non, ça il ne comprends décidément pas. Son père gère l'élevage de chevaux du Big Horn Ranch, ils ont cinq chevaux à la maison, mais on ne l'appelle Ranch. C'est bizarre cette histoire. Surtout que les copains, eux, ben ils en ont un de Ranch, alors pourquoi pas lui ?
« Tu sais Carter, construire et entretenir un Ranch coûte extrêmement cher. La maison était un Ranch avant, c'est vrai, mais maman et moi n'avons jamais eu l'argent, ni l'envie d'ailleurs, de créer notre propre Ranch.. » Comment expliquer à son fils d'à peine huit ans que travailler dans un Ranch et en gérer une partie est largement suffisant ? Comment lui faire sentir qu'être un employé signifie avoir des horaires sûrs ou presque ? Non, cela paraît difficile...
« Ah.... Alors c'est juste une question de sous ? Si vous gagniez à la loterie maman et toi, vous construiriez un Ranch ? » Ses yeux brillent. Parce qu'il l'imagine déjà cette grande pancarte de bois annonçant l'entrée dans le « Presley's paradise ». Ce serait le paradis oui. Plein de gens viendraient pour acheter, vendre, visiter... Ce serait comme au Big Horn, mais en mieux.
« Non Carter, même si nous gagnions à la loterie, on ne créerait pas notre Ranch. C'est beaucoup de responsabilité et de travail, tu sais ! Ça voudrait dire être souvent à la maison, tu ne pourrait plus venir avec moi par exemple, parce que j'aurais tout un tas de papiers à remplir tous les jours... Tu sais, c'est beau de voir des grands Ranchs, c'est vrai. Mais aussi énormément de travail, et bien souvent, la famille en pâtit. » Combien de fois est-il déjà parti en voyant les lumières du bureau patronal encore allumées ? Les cheveux arrachés sur des problèmes épineux, les mèches grises qui conquiert peu à peu la totalité de son crâne. Et cette irritabilité de celui qui ne dort pas assez. Non. Tout cela n'est pas pour lui. S'occuper des chevaux est bien assez suffisant.
« Oh. C'est dommage... Et ben moi, quand je serais grand, j'aurais mon Ranch à moi et les gens et ben ils viendront jusqu'à Great Falls juste pour moi ! » Il sourit de toutes ses dents tant il est sûr que cela arrivera, « quand il sera grand ».
« Et bien c'est un beau projet Carter, j'espère que tu y arrivera ! » Ce qu'il aime, chez ses enfants, ce sont ses rêves que l'on croit réalisables en un claquement de doigts. Cette certitude inébranlable que l'on parviendra à faire ce que l'on veut de sa vie. Et ça, ça c'est bien. L'espoir, c'est important. « Bon, allez, tu montes pour me montrer ce saut d'obstacle ? »
« OUI ! Tu vas voir, je me suis entraîné avec maman et je suis devenu trop fort ! » Monter un Apaloosa de 5 ans ne lui fait pas peur. Avant de savoir marcher, Carter avait déjà les jambes sur des étriers. Et monter, c'est un peu sa façon à lui d'être libre et de faire « comme les grands ».


Les sols sont recouverts de tapis de velours rouge. Les murs sont vieux, en bois verni mais patiné par années. Et bien sûr, ils sont recouverts de ces très vieux tableaux représentant les illustres anciens élèves ou donateurs. Ceux qui ont fait de cette école ce qu'elle est. On est tout près de New York et pourtant, rien ici ne laisserait entendre qu'on est près de la civilisation et de la technologie. Le parc est grand, d'un vert étonnant pour cette fin de Juin brûlante. Les élèves se baladent avec leurs livres à la main et si on se doute bien qu'ils utilisent des ordinateurs, on n'en voit pas un seul dans les couloirs.
Ils sont plusieurs à attendre, assis droit comme des I sur des bancs, eux aussi en vois. Cinq personnes sont déjà entrées et ressorties du bureau directoriale. Trois garçons et deux filles qui sont partis trop vite pour que les choses se soient correctement passées.
Carter sert son dossier de plus en plus fort. Il a amené d'autres plans. Des petits projets pour le lycée et celui de la mairie auquel il a vaguement participé pour un concours. La rénovation de Brooklyn selon Carter Presley est déjà entre leurs mains. Son avenir tout entier est dans leurs mains. S'ils ne le prennent pas ici, il ira dans la faculté du compté étudier des choses tout à fait inintéressantes.
La porte s'ouvre et la troisième fille en sort. Elle a les mains qui tremblent et se mort la lèvre. Ça ne sent pas bon. Pas bon du tout même.

« Monsieur Carter John Presley ? » Il se lève, tremblant. Subitement, sa chemise à carreau jure horriblement. Et ce jean, vraiment ! A t-on seulement idée de venir en jean dans une école d'architecture ?!
« C'est moi, oui. » On le toise par dessus d'antiques lunettes rondes. On lui sourit mais cela sonne faux. Comme un exercice de grand mère pour re-muscler les joues qui tombent.
« Très bien, entrez. » Le bureau est vaste et lumineux. Un peu plus moderne que le reste du bâtiment. Un veux fauteuil en cuir trône dans le coin opposé de la pièce, juste devant une bibliothèque aussi grande que la m=bibliothèque municipale de Great Falls. Que fout-il ici ?« Bien. Asseyez -vous et dites moi. Pourquoi notre école et pas une autre ? » S’asseoir correctement devient subitement un exercice hors de sa portée. Trouver les mots aussi. Lui qui a fait la vieille au soir un discours éloquent sur cette école dont il rêve depuis deux ans.
« Et bien, heu... » On respire. On fixe ses mains sur les genoux. Voilà. C'est déjà beaucoup mieux. Et on regarde ce vieux monsieur dans les yeux. Tu es là parce qu'ils proposent une bourse et qu'ils sont les seuls à le faire. Tu es là parce que tu veux devenir architecte et qu'il dispense une excellente formation. Tu es là pour te barrer de ton trou pommé aussi.« Et bien, dans un premier temps, parce que vous dispensez une excellente formation. Vous comptez tout de même dans les 5 meilleures écoles du Pays.. »
« Très bien. Et par rapport aux quatre autres, dans ce cas. Pourquoi nous ? » Il est direct le bougre. Il pose pile poil les questions qu'il vaudrait mieux éviter. Tant pis. Tu ne sais pas mentir mon vieux, alors soit honnête et advienne que pourra.
« Vous êtes les seuls à proposer une bourse d'étude. Mes parents ne sont franchement pas riches. Enfin vous devez le savoir, vous avez du voir que je viens d'un bled pommé au fin fond du Montana... Et donc ma seule chance de faire de telles études, c'est une bourse. Vous êtes les seuls à offrir cette possibilité. Voilà pourquoi vous. » Le ton s'affirme un peu plus. Ses yeux guettent le moindre signe d'approbation, ou de désaccord. Mais le vieux ne montre rien. Il reste impassible et s'en est troublant.« Et pour être tout à fait honnête, je rêve aussi de rencontrer une vraie grande ville. La campagne, ça va 18 ans, mais pas plus longtemps. serait-ce un rictus qui vient de faire frémir ses lèvres ? Peut-être.
Enfin, il aborde ses projets. Les choses sont plus faciles à présent.

L'architecture, il connaît.


« Carter, c'est Anna. Il faut que tu me rappelles dès que tu as ce message. C'est important. Je te promets. Ce n'est pas une connerie de grande sœur emmerdante. C'est à propos de maman. Rappelles moi. Je t'embrasse. »
Il fait déjà nuit. Le mois d'octobre a rapporté ses kilos de pluie et à Boston, on commence sérieusement à se cailler les miches. Mais c'est un autre froid qui envahit l'appartement. Un message comme ça ne présage rien de bon. Surtout lorsque c'est Anna qui le laisse. Anna fait des blagues, elle n'annonce pas de mauvaise nouvelle. Alors ce doit être grave. Il craint l'accident, le truc inévitable qui vous bousille la vie, et peut-être même plus.
Mais surtout, il faut rappeler. Il est peut-être déjà trop tard. Ses mains tremblent et composer le numéro de Great Falls semble impossible.
« Carter, c'est toi ? » la voix est angoissée et haletante. C'est encore plus angoissant. L'homme redevient petit garçon. Qu'est-il arrivé à sa mère.
« Qu'est-ce qui se passe bon dieu ! Qu'est-ce qui est arrivé à maman ?! » On pourrait ressentir de la colère dans cette voix, mais surtout de la peur. Cette horrible et insidieuse peur qui vous paralyse.
« Elle a eu très mal à la poitrine hier matin. Alors on l'a emmené à l'hôpital, pour qu'ils l'examinent. Seulement à Héléna, ils n'avaient pas le matériel adéquat pour faire tous leurs tests. Alors ils l'ont transféré par avion à Billings. Et.. Enfin après plusieurs tests dont une biopsie de la poitrine, ils ont trouvé qu'elle avait un cancer du sein. » La voix s'éteint de l'autre côté du téléphone. On attend un réaction. Mais Carter est un poisson hors de l'eau. La bouche grande ouverte il est hébété et ne voit pas quoi dire.
« Mais, elle va bien ? Je veux dire, elle ne va pas mourir tout de suite ? » la douche est encore plus glacée. La question est idiote. Elle est déplacée même.
« Papa est avec elle. Elle va pouvoir rentrer demain. Ils ont dit qu'ils l'avaient trouvé assez tôt pour qu'on puisse faire un chimio. Mais trop tard pour qu'une simple ablation du sein soit efficace. Elle pourra faire la Chimio à Héléna. Papa va vendre les 12 derniers hectares en une parcelle de 8 et une de 4 pour pouvoir payer une partie des frais médicaux, on aura pas le choix. » Trop d'information tue l'information. Les parents ont déjà vendu tellement de terre pour les travaux, et les petits tracas quotidiens. Une mère qui a un cancer, c'est une mère qu'on a peur de voir partir tout de suite. Et pourquoi ne pas l'avoir vu plus tôt hein, pourquoi ?!
« Je.... » Allez on se reprend. Tu avais pris des vacances pour dans un mois tu iras là bas. Et tu vas y rester, pas question qu'ils soient tous là bas et pas toi. Et puis pourquoi t'es parti hein ?! On peut savoir? « J'avais pris deux semaines de vacances pour la fin du mois de Novembre. Tu peux dire à Papa et Holly que je viendrais à ce moment là. Je vais voir avec mon patron, s'il accepte que je fasse mon boulot de Great Falls. Avec internet, ce ne sera pas compliqué. Je... je te laisse, faut que je digère. »
« Bien sûr mon poussin. Je dis tout ça à papa. Je t'embrasse. » Ça a raccroché. Le vide au bout de la ligne résume parfaitement le vide qu'il y a dans son estomac.
Il faut digérer. On verra ça après.


« Cette parcelle de quatre hectares est toujours en vente ? »
« Oui. Les acheteurs potentiels trouvent que c'est trop petit pour faire une quelconque exploitation. Et trop grand pour une maison... Je ne sais pas comment on va pouvoir la vendre... »
« Je vais l'acheter. Mais ils ne doivent pas savoir, d'accord ? Jamais ils ne doivent voir mon nom sur les papiers ! Vous n'aurez qu'à leur dire que c'est un riche qui veut renouer avec la nature ou je ne sais pas trop quoi du genre. Le tout étant qu'ils ne se doutent pas que c'est moi. J'arrive dans trois jours, je passerais vous voir pour finaliser l'achat.
« Mais, enfin. Vous avez assez d'argent pour ça ? »
« Une bourse à payé 90 % de mes études, j'ai payé le reste avec des petits boulots et mon premier boulot à l'agence. Je n'ai plus de dette alors avoir un prêt pour ce terrain ne sera pas compliqué. Et puis j'ai une mise de fond... »
« Très bien. Je vous laisse voir ça avec votre banque et je vous vois dans trois jours pour signer tout ça. Vous avez ma parole que vos parents n'en sauront rien M. Presley. »
« Merci Mme Dweery. »

Dis moi Carter, tu viendrais pas de faire connerie par hasard ?  Ta gueule ! On verra bien.