Une rencontre au hasard

« pff » il souffla avant de tirer de nouveau sur ses bras pour se redresser. Son corps luttait, ses muscles refusaient d’obéir, mais ils finirent par céder. Doucement ses jambes déplièrent et il pu rester debout pendant quelques secondes. Cela le faisait atrocement souffrir, mais c’était tout de même une victoire, chaque seconde qui passait debout en était une et il aimait les savourer. Pour beaucoup ce n’était qu’un geste quotidien, un mouvement anodin. Pour lui désormais, c’était un mouvement signe d’espoir. Quelques semaines plutôt, il en aurait été incapable mais désormais il arrivait tout de même à se tenir debout et à sentir le sol sous ses pieds. Ses jambes finirent tout de même par céder. Heureusement Sam se cramponnait fermement à la barre qu’on lui avait installée dans sa chambre. Il grimaça avant de laisser doucement glisser dans son fauteuil. Sam travaillait par étape, il ne pouvait pas le faire pendant de longues minutes. Alors il travaillait 5 minutes, il faisait des pauses de 10min voir 20 parfois et il recommençait. On ne pouvait pas dire qu’il était fainéant. Non, il travaillait d’arrache pied et cela le fatiguait énormément. Il n’avait ni le courage ni l’envie de s’intégrer dans cette vie de famille. Pour lui c’était une grande nouveauté et il était bien trop solitaire pour changer du tout au tout en quelques jours. D’ailleurs, il n’y arrivait peut être jamais. Même si cela ne se voyait pas, Sam faisait de réels efforts pour paraitre agréable. Il y arrivait à peu près avec sa mère et son beau père, pour sa demie sœur s’était bien plus compliquée, mais finalement ça ne l’intéressait pas vraiment. On ne pouvait pas plaire à tout le monde.
Sam posa ses mains sur ses roues et fit pivoter son fauteuil. Il fit demi-tour pour s’approcher de son lit où il hissa pour terminer ses exercices. Tenter de rapprocher ses jambes de son torse… pour le moment il n’arrivait qu’a les lever légèrement. Sam avait de l’espoir, son corps répondait, il répondait mal mais la communication n’était pas totalement coupée. En fait il avait surtout peur de rester avec une invalidité importante, mais au moins il ne pourrait pas s’en vouloir d’avoir tout fait pour que cela n’arrive pas. Il travaillait d’ailleurs bien mieux seul. A l’hôpital , il ne supportait pas la fausse sympathie des infirmiers et infirmières, ils étaient tous entre handicapés, certains étaient dans de bien plus mauvais état que lui. Sam ne s’était pas du tout senti à sa place. Il était finalement bien mieux ici et il y avait un peu de progrès.

Sam termina sa rééducation quelques minutes plus tard. Il était transpirant. Si bien qu’il ne mit pas longtemps à rejoindre la douche. Se doucher ? Une autre épreuve qui lui avait paru irréalisable au départ. Désormais, ce n’était plus qu’un lointain souvenir. La salle de bain avait été aménagée. Il pouvait donc s’occuper de lui tout seul… Heureusement d’ailleurs.
Il sortit de la salle de bain une bonne demi-heure plus tard. Il aimait prendre son temps, avoir un peu de plaisir, c’était un peu un des seuls qui pouvaient s’accorder.

Avant de remonter dans sa chambre, il fut attiré par le claquement de la porte d’entrée. Sam s’immobilisa et fit tourner son fauteuil pour se rendre dans la cuisine qui se trouvait juste après l’entrée. Son regard se posa alors sur un visage déjà vu. La meilleure amie à Mary, s’il avait bien tout compris. « Tu cherches Mary-Jane ? » Elle était partie avec sa mère faire les courses à Héléna, elle allait donc être absente pour quelques heures. « Elle est partie à Héléna »

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Une rencontre au hasard

Sam ne sortait pas souvent de sa chambre, il n’était pas vraiment à l’aise. Cette famille… pour le moment ils étaient tous des étrangers pour lui. Déjà qu’il n’était pas d’une nature très avenante. Sans le vouloir, il en voulait à cet homme qui lui avait volé sa mère. S’il elle ne l’avait pas rencontré, peut être qu’elle ne serait pas partie. C’était ce qu’il avait passé pendant des années. Avec le temps et tout en grandissant, il avait doucement entamé un pardon. Il avait finit par comprendre que vivre avec son père n’avait pas du être une partie de plaisir et qu’elle avait du choisir de partir pour vivre sa vie et non celle qu’on lui avait crée. Il ne comprenait pas pourquoi sa présence ne l’avait pas retenu. Il était son fils après tout. Alors il était encore en colère et cette colère n’avait pas encore trouvé de répit. Le jeune homme connaissait bien peu les habitants de cette demeure. Il ne connaissait ni sa mère, ni son mari, encore moins la jeune fille qui vivait entre ses murs. Son silence était signe de mal être. Il n’était pas de nature très ouvert. Son éducation avait été stricte, morne, dur… On ne lui avait pas laissé la chance de voir autre chose. Bref, il avait passé sa vie dans un lieu froid, il avait donc hérité de cette petite incapacité à s’ouvrir et à sourire de tout et de rien.

Sam aurait surement du laisser sa rancœur de côté. Tout aurait été plus facile, si Sam n’avait pas tant de caractère. Et puis… son accident n’avait pas arrangé les choses. Au contraire ça avait tout fait empiré. Il s’était encore plus renfermé, il s’était durci pour oublier ce qui l’entourait. Pour le moment ça l’aidait à surmonter les épreuves que la vie était en train de lui offrir. Il préférait voir cela comme ça une nouvelle expérience. Du moins c’était ce qu’il se disait dans son rare moment d’optimismes.
En tout cas, il avait appris à se débrouiller seul. De quoi lui faire plaisir. Il était beaucoup moins invalide qu’à une époque, c’était donc du plus. Il était en tout cas content de pouvoir gouter de nouveau à l’odeur des écuries, même s’il ne pouvait pas encore s’occuper de tout. Il pouvait tout de même s’occuper de son cheval, même si c’était compliqué.

Etre ici était sans doute la meilleure chose qui pouvait lui arriver, c’était bien mieux qu’à l’hopital en tout cas. De toute façon il n’aurait pas pu y rester plus longtemps, ça lui aurait demandé bien trop de courage. Désormais il se trouvait là, devant une jeune femme dont il ignorait beaucoup de choses. Il aurait pu s’en aller pour tenter de fuir la discussion, il en avait bien envie. Parler n’était pas son fort, et il doutait que cela risquait fortement d’ennuyer la jeune femme. Pourtant il laissa échapper un rire amusé en attendant la remarque de la jeune femme. Alors comme ça Mary Jane jouait à ce petit jeu avec toutes les personnes qu’elle connaissait. Elle semblait aimer s’introduire dans leur vie. Du moins c’était un peu ce qu’il en avait déduit, mais il pouvait se tromper, après tout il n’était pas devant. « Sam » ajouta t’il pour finir les présentations, même s’il se doutait qu’elle devait déjà être au courant de ça et aussi de tout ses défauts. Étrangement l’inconnue qui répondait au nom de Maureen lui donna envie de rester, de s’attarder un peu plus. « Disons que c’est mieux que les 4 murs de l’hôpital mais moins bien que ceux que j’ai connu avant » Sam se décida à avancer vers la jeune femme, après tout, elle était là désormais. « Je n’ai pas vraiment eu le temps de visiter la ville » En effet, il n’avait pas eu cette occasion et le faire en fauteuil risquait d’être très compliqué. « Tu veux peut être boire quelque chose ? »

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