Cela faisait tout juste une semaine que Kanvaël était arrivé dans ce village, ce nouveau pays, loin de chez lui, de sa sœur, et de tout ce qu'il avait connu jusqu'à lors. Oh, bien entendu, il lui était déjà arrivé de passer par les États-Unis, à l'époque où il était boxeur pro, mais, il n'avait eu le temps que de voir de grandes villes comme Seattle, New York ou encore Los Angeles. Il avait une vision mitigée de cette petite bourgade. D'un côté, il la trouvait … Étrange. Pour tout vous dire, il n'imaginait pas qu'un tel regroupement de ranch, de cow-boy et de bien d'autres métiers anciens existaient encore. Les seuls qu'il avait eu l'occasion de voir étaient dans des films de Western. D'un autre côté, cependant, l'endroit lui rappelait étrangement là où il était né. Un petit endroit charmant, perdu dans les montagnes, de vastes plaines s’étendant de chaque côté. Un endroit relativement difficile d'accès, où l'on ne pouvait arriver par hasard. Un endroit ou tout le monde connaît tout le monde, et où un étranger se fait très vite remarquer. Il y avait cependant, une différence flagrante avec son village natal. Apparemment, ici, on n’appréciait pas vraiment les étrangers, Kanvaël l'avait très vite appris, et ce, le jour même de son arrivé. Une vieille dame ne le quittait pas du regard, l’œil mauvais, tandis que le tenancier d'une échoppe faisait comme s'il n'était pas là. Heureusement pour lui, une présence rassurante l'avait aidé. Une fort jolie jeune femme du nom de Rose lui avait indiqué le chemin du ranch familial, et, comme à son habitude, l'irlandais avait frappé fort, ayant le plus grand mal à aligner deux mots devant elle. Sa timidité était des plus impressionnantes. Mais … que se passerait-il s'il venait à croiser une femme encore plus belle ? Une femme au charme inégalable, au sourire envoûtant, et possédant une grâce royale ? Ah ! Sans doutes êtes vous en train de vous dire que pareille femme est difficile à dénicher. Et pourtant … Great Falls dispose de bien des merveilles, et, il m faut vous avouer que, une femme plus belle, relèverait sans doute du divin.

Ainsi donc, comme je l'ai déjà dit, cela faisait une semaine que notre cher étranger était arrivé dans cet endroit, où il allait exercer le travail de maréchal-ferrant. Pour les ignares, ce travail consiste à créer les fers à chevaux, puis, à les appliquer sur eux. Et oui, cet homme avait fait de nombreuses choses dans sa vie. Fils de forgeron, l'atelier faisant parti de la maison, il ne put échapper au commerce familial. Mais, passons, et revenons à notre histoire.

Malgré sa semaine passée chez les américains, Kanvaël, n'avait pas vraiment commencé à travailler. Le temps de déballer ses affaires, le temps de faire la visite du ranch, expliquer ce qu'il aurait à faire exactement comme travail, et surtout, une chose que tout forgeron se doit de faire au moins un jour dans sa vie : fabriquer sa propre enclume. Pour ceux qui se posent la question, pour faire une enclume, on prend un bloc d'acier brut, on découpe, et on lime, jusqu'à obtenir l'objet final. Autant vous dire que … Cela prend du temps.

Mais … Cet irlandais n'a jamais été des plus malins. Voyez-vous, il n'avait pas pensé à tailler cela près de la forge. Non, il fallait que ce soit bien loin, afin de se demander, l'air idiot, comment la transporter jusqu'à l'endroit voulu. C'est donc torse-nu, à cause de la chaleur de la forge allumée, vêtu de son tablier de cuir, qui laissait entrevoir de nombreux tatouages celtes, et quelques cicatrices étranges, tel une grosse morsure sur l'avant bras gauche, et, trois déchirure parallèles dans le haut du dos, que, le forgeron se mit en tête de soulever l'enclume et l'apporter près de la dite forge. L'idée était de soulever, faire deux ou trois pas, relâcher, souffler, puis repartir. Les trois premières fois se passèrent sans le moindre mal. Mais … La quatrième cependant … Son dos fit un bruit étrange, que son propriétaire n'avait jamais entendu, si bien que, au même moment où la douleur apparut, intérieurement, il se demanda « comment ça, crack ? ». Bien entendu, il comprit très vite, et, sans doutes que son entourage aussi, puisqu'il se mit à vociférer tout les jurons qui lui passaient par la tête, dans sa langue natale, le gaélique. Et oui, il y a encore des petites régions de ce beau pays, où, la populace parle encore cette langue ancienne, bien que, l'anglais est appris à l'école.

Enfin bref.

Alors qu'il se tordait de douleur au sol, des bruits de pas se firent entendre, accompagnée d'une douce voix, remarquant qu'il était bel et bien bloqué. Une pause, puis quelques pas plus tard, la douce voix inconnue, lui demanda de ne pas bouger. L'étranger se mit à rire légèrement, malgré la douleur, et tenta de parler entre deux rictus de douleur.

Étrange qu'il puisse parler si librement à une femme non ? Si belle en plus ! Sans doutes n'en avait-il jamais vu pareille. Mais … La … Chance, si l'on peut dire ça comme ça, avait voulu qu'il ne puisse voir ses traits divins. Vint ensuite la question qui, le rassura que moyennement. Allait-elle essayer de le remettre en place ? Savait-elle ce qu'elle faisait ? L'idée que l'on s'amuse avec son dos ne lui plaisait guère. Cette fois, la dame aurait pu être dans son angle de vue, malheureusement, celle-ci choisit de se placer dans son angle mort. Angle mort, toujours protégé par un bandeau.